Carbone modifié
Auteur : Richard MORGAN
type : SF/Cyberpunk
Année : 2002 (2003 en France)
Histoire : 28ème Siècle. L’humanité a progressé, au point de trouver une sorte d’immortalité : on peut digitaliser un être humain. Ainsi numérisé, il suffit de recharger une personnalité dans un nouveau corps, et c’est reparti.
Takeshi Kovacs connaît bien ce processus, il est mort plusieurs fois. Et il est un ancien Diplo, formé à des changements de corps fréquents, aux enquêtes et à diverses techniques de combat.
Sa nouvelle affectation est toutefois particulière : il a été ré-enveloppé sur Terre, le berceau de l’humanité. Et c’est pour enquêter sur la mort de Laurens Bancroft, richissime homme d’affaires. Pour le moment, la police a conclu à un suicide, mais pourquoi se suicider quand 48h plus tard on peut revenir dans un nouveau corps, sa conscience téléchargée ?
Takeshi va donc mener son enquête, à travers les différents groupes d’influences de la terre, dans un monde où la Vraie Mort n’est qu’à une pile corticale près.
Commentaire : Ce livre m’a été conseillé par Whidou alors que je cherchais un nouveau truc à me mettre sous la dent. Un livre de cyberpunk donc, voire post-cyberpunk si on en croit Wikipedia. Pour ceux qui ont la flemme de chercher, le cyberpunk est un genre qui a connu sa grande époque dans les années 80, et qui se caractérise par un monde futuriste, dominé par les corporations (multinationales tentaculaires) et où la cybernétique et le virtuel sont très avancés.
Et pour le coup, parfait exemple de cyberpunk. L’ambiance est assez glauque dans les bas fonds, ce qui fait ressortir les inégalités criantes avec les plus riches. La numérisation des humains est parfaitement intégrée, et du coup le changement logique des mentalités suit. Le personnage de Takeshi Kovacs est plutôt attachant, même s’il souffre un peu du syndrome de superman : plus fort, plus malin, son entraînement fait de lui un être supérieur. Certes, il n’est pas infaillible, au contraire, mais à mon sens il est un peu trop souvent placé au-dessus des autres. Par contre, le personnage est psychologiquement très bien campé, entre son dépaysement, sa vision de la vie en sachant qu’un ré-enveloppement est souvent possible, son rapport à la violence, les traumatismes de sa vie passée…
D’un point de vue scénario, plutôt bien ficelé, les relations entre les personnages sont assez complexes, et le rythme ne s’essouffle pas entre les phases d’enquête et des phases d’action. Et de sexe. Parlons-en justement, puisque le livre est émaillé de scènes de sexe souvent très détaillées. Parfois trop d’ailleurs, car si certaines servent parfaitement l’histoire, d’autres donnent l’impression de se retrouver dans un roman de gare. Ce n’est pas rédhibitoire non plus, mais quelques-unes des scènes m’ont donné l’impression de n’avoir pas grand chose à faire là. Et pas à ce niveau de détail. Dans un sens, cela peut se comprendre vu le monde décrit, et finalement les scènes de violence sont elles aussi fréquentes et tout aussi détaillées, mais moins surprenantes car plus souvent présentes dans les romans du style. Pour ce qui est du style d’écriture, c’est au début un peu déroutant au niveau d’un certain nombre de termes, mais cela complète l’immersion et donne une impression de finition à l’univers, l’ensemble étant parfaitement cohérent. Toutefois, certaines allusions sont quelques peu étranges, et ne trouveront de réelle explication que dans les romans qui suivent (Anges déchus et Furies déchaînées ). Malgré cela, le choix des termes employés laisse entrevoir tout un univers au-delà du roman, ancrant ainsi le récit dans une base plus large. Enfin, chapeau bas à l’idée de la numérisation de l’être humain, et le concept de ré-enveloppement dans un nouveau corps humain, ainsi que les changements que cela peut provoquer. J’ai un peu regretté qu’on ne s’attarde pas trop sur le processus d’obtention des corps, car même si c’est abordé dans les deux autres romans, globalement le lecteur est laissé dans le flou sur ce point.
Globalement, un bon livre donc, à condition d’aimer le genre, sombre, violent et dépravé. Le style est fluide, le rythme soutenu, pas le temps de s’ennuyer, même si le héros est parfois un peu… trop. Un univers complet, homogène, on a plaisir à y suivre les pérégrinations au travers d’une enquête plutôt bien ficelée. A lire 🙂
(Merci à libby pour son travail de correction)